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Laura Angelucci
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En 1922, le peintre Léon Bonnat donnait au Louvre un merveilleux album réunissant près de quarante dessins laissés par l'un des très grands noms de la Renaissance florentine : Bartolomeo della Porta. Né en 1473, formé dans le milieu des plus brillants ateliers de la ville, mais fasciné par la prédication de Savonarole, le sombre prieur des Dominicains de San Marco, il voulut revêtir l'habit des frères Prêcheurs. Alors que s'ouvrait le nouveau siècle, on vit, sous son pinceau, refleurir l'école de Fra Angelico.
Les feuilles du recueil, presque toutes tracées à la plume et à l'encre brune, couvrent, en compagnie d'une unique et tardive sanguine, l'arc intégral de la carrière de Fra Bartolomeo. On y rencontre, notamment, de fort belles études d'arbres solitaires dans des paysages de hautes roches.
Fra Bartolomeo mourut en 1517. Ses ouvrages, qui transposent l'héritage mystique de l'Angelico dans le langage de la modernité, sont l'une des sources de ce que l'on appellera un jour la Maniera. -
" Parmi les innombrables élèves de Raphaël d'Urbin [.], aucun ne l'imita mieux dans son style, son invention, son dessin et son coloris que Jules Romain... " C'est ainsi que Giorgio Vasari (1568) commence la biographie du peintre et architecte Giulio Pippi (1492 ou 1499-1546), dit Giulio Romano, nom que l'artiste choisit pour exprimer en un seul mot tant ses origines que l'importance que Rome et l'Antique avaient dans son art. Entré très jeune dans l'atelier de Raphaël, Giulio y assuma un rôle qui devint de plus en plus important au fil des ans. Désigné, avec Giovan Francesco Penni, héritier et exécuteur testamentaire du maître, à la mort de celui-ci en 1520, Giulio reprit son atelier. Après avoir finalement terminé la décoration de la Salle de Constantin, au Vatican, en 1524 il céda aux prières et promesses du comte Baldassarre Castiglione, ambassadeur de Frédéric II Gonzague (1500-1540) à Rome, et accepta l'invitation du marquis de s'installer à la cour de Mantoue. C'est là, loin de Rome, que sa créativité put s'exprimer pleinement. Très vite, il y assuma le premier rôle concernant toutes les ouvres d'architecture et de décoration, et on peut compter parmi ses chefs-d'ouvre le Palazzo Te (1525-1535) et l'appartement de Troie au Palazzo Ducale (1536-1539). Comme Raphaël l'avait fait à Rome, Giulio est à Mantoue à la tête d'un atelier capable de traduire en stucs et peintures ses dessins. Plus que dans les ouvres achevées, c'est dans le dessin que ses inventions atteignent la perfection absolue en s'exprimant toujours avec vivacité, force et sensibilité.
Le très riche fonds de dessins de l'artiste au Cabinet des dessins du Louvre en donne un poignant témoignage et permet de parcourir toute la carrière de l'artiste, de ses débuts romains dans les chantiers du Vatican et de la Villa Madame jusqu'aux années à la cour de Gonzague, quand, grâce aux prestigieuses commandes mantouanes, sa renommée se diffuse dans toute la plaine du Pô, et même au-delà des Alpes.
Giulio Romano est le catalogue de l'exposition qui se tiendra au musée du Louvre du 8 octobre 2012 au 14 janvier 2013.
Ouvrage publié en coédition avec Musée du Louvre éditions. -
L'inventaire des dessins d'Antoine-Jean Gros (Paris, 1771-1835) au Louvre
Laura Angelucci
- Mare & Martin
- 5 Juillet 2019
- 9791092054996
Antoine-Jean Gros (1771-1835), dit aussi le baron Gros, fut l'un des plus célèbres élèves du peintre Jacques-Louis David (1748-1825). Il est considéré, à juste titre, comme un précurseur du Romantisme. Plus encore que ses peintures, ses dessins témoignent d'un éloignement progressif de l'enseignement du maître, jusqu'à la rupture définitive avec l'esthétique néoclassique et à l'affirmation d'un nouveau style, plus subjectif. Dans les représentations les plus dramatiques, la facture libre et impétueuse de sa plume et de ses larges lavis montre ces « qualités fortes et originales » qui poussèrent Delacroix à distinguer Gros au sein de l'école davidienne et à l'élever à la tête de la nouvelle école de peinture.
Le musée du Louvre conserve le plus important fonds de dessins du peintre : quatre-cents-soixante-dix études réunies en carnets ou en feuilles libres, se rattachant principalement à son séjour italien (1793-1800) et à sa rencontre avec Bonaparte à Milan (fin 1796), qui fut, on le sait, à l'origine de la commande du célèbre Portrait du général Bonaparte à Arcole (1797, Château de Versailles). Plusieurs feuilles témoignent de sa maîtrise absolue de la mise en scène des victoires napoléoniennes, Gros étant le peintre de Combat de Nazareth (1801), des batailles d'Aboukir (1806), d'Eylau (1807), des Pyramides (1810), de Wagram (1810). Enfin, d'autres études se rattachent plutôt à ce rappel à l'ordre qui s'imposa à l'artiste après la chute du Premier Empire (1814) et la Restauration des Bourbons (1815).
Constitué principalement par des achats qui s'étagèrent de 1953 à 2018, ce fonds n'avait jamais été catalogué, hormis les huit dessins pris en compte dans le volume VI de l'Inventaire général des dessins de l'Ecole française des musées du Louvre et de Versailles, établi par Jean Guiffrey et Pierre Marcel en 1911. Si plusieurs articles et quelques publications ont depuis contribué à sa connaissance, cet ouvrage le reconsidère, pour la première fois, dans son ensemble. L'étude systématique du fonds de dessins d'Antoine-Jean Gros au Louvre a relevé le caractère exceptionnel des quatre carnets, trois d'études et un de portraits, qui constituent le coeur de la collection. Les premiers sont des précieux vestiges d'un ensemble d'albums bien plus riche, que l'artiste apporta avec lui en Italie. Ils comprennent des nombreux dessins d'après l'antique et les maîtres aussi bien que des paysages et des études pour les oeuvres personnelles de l'artiste. Le quatrième carnet, entré très récemment dans les collections du Louvre, apporte quant à lui un témoignage très raffiné du talent de portraitiste de Gros.
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L'album Meuricoffre : portraits d'Antoine Jean Gros
Laura Angelucci
- Officina
- 13 Mai 2022
- 9788833671857
La reproduction à l'identique de l'album Meuricoffre, acquis par le Louvre en 2018, est une belle occasion de feuilleter l'un des deux seuls carnets de portraits attribués à ce jour à Antoine Jean Gros (l'autre étant en collection particulière).
Précieux témoignage de l'activité de Gros comme portraitiste en Italie (1793-1800), il illustre la relation privilégiée que le peintre entretint à Gênes avec la famille du banquier franco-suisse Jean-Georges Meuricoffre (1750-1807) et de son épouse, la célèbre chanteuse d'opéra Celeste Coltellini (1760-1828). Cette dernière, à qui l'album appartenait, est sans doute l'auteur de plusieurs dessins du carnet, exécutés sous l'influence du maître. La belle galerie de portraits, dressés dans l'intimité de cette famille, restitue les physionomies de représentants de la haute société franco-suisse alors en rapport les Meuricoffre et, par leur biais, avec Gros.
L'étude qui accompagne la publication du carnet révèle l'identité, jusqu'alors inconnue, de ces personnages. Une description matérielle de l'album, support scientifique indispensable à sa compréhension, complète le propos. LA COLLECTION DU MUSÉE DU LOUVRE :
De Jacopo Bellini à Eugène Delacroix, six cents carnets d'artistes et albums de collectionneurs, conservés au musée du Louvre, permettent de mieux comprendre le processus créatif des maîtres qui les ont exécutés et d'apprécier le goût des amateurs qui se sont attachés à les constituer. Ces oeuvres précieuses et fragiles demeurent pour la plupart méconnues. Certaines d'entre elles, reproduites pour la première fois dans leurs dimensions d'origine, accompagnées d'une étude inédite, invitent désormais le public le plus large possible au plaisir de la découverte.
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L'album des "disegni di Antonio Pollaiuolo"
Laura Angelucci, Dominique Cordellier
- Officina
- Carnets Et Albums Du Musee Du Louvre
- 1 Mars 2016
- 9788897737865
En 1922, un portraitiste de belle réputation et immense collectionneur, Léon Bonnat, légua au Louvre un recueil de vingt-trois dessins intitulé Disegni di A. Pollaivolo (?) 1429 + 1498. Cet album, qui avait antérieurement appartenu à de très bons connaisseurs de l'Italie de la Renaissance, apparaît aujourd'hui encore comme l'une des plus belles sommes d'études d'après le modèle vivant qu'un artiste orentin ait accomplies dans son atelier au e siècle. Malgré l'intitulé de l'album (manifestement moderne mais sans doute issu de quelque tradition), la critique moderne s'est interrogée sur son auteur. Elle a préféré, à celui du célèbre sculpteur orentin, le nom de son concitoyen Maso Finiguerra, qui, orfèvre et nielleur, est passé à la postérité pour avoir inventé l'art de la gravure. L'étude expose, d'une part, le pro l des deux artistes et la relation de l'ensemble des dessins aux di érentes pratiques d'atelier, et, d'autre part, une reconstruction de l'histoire du recueil qui permet d'imaginer comment il a été constitué à partir de carnets originaux démembrés. Une description page à page propose en outre une analyse précise de chaque feuillet, du point de vue tant de l'image que des matériaux et de la technique graphique.