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carole fréchette
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Dans l'immense maison que lui a donnée l'homme qui l'aime, grâce peut aller à sa guise.
Un seul lieu lui est interdit : la petite pièce en haut de l'escalier. mais cet interdit l'aspire comme un vide. au risque de trahir l'amour, grâce ouvrira la porte de la petite pièce pour y découvrir une indicible souffrance dont elle doutera pourtant de la réalité. est-elle réelle ou rêvée ? est-ce la sienne ou celle d'un autre ? et, dans le doute, comment peut-on la soulager?
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Une ministre de la culture cherche à convaincre ses collègues de l'importance des arts et de la culture. Tous l'écoutent mais quand vient le temps d'énoncer les « vraies urgences », la culture compte pour rien.
Alors, la ministre de la culture décrète « sur le champ la tenue de "Journées sans culture" [.] le temps qu'il faut pour bien sentir l'enfer suffoquant que seraient nos existences dans cet univers de stricte efficacité ».
Bientôt, on invite ce ministre de l'oxygène à la table de l'essentiel !
Un livre qui agite et agit, pour affirmer la nécessité vitale de la Culture.
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Dans son appartement au trente-troisième étage d'une tour, Béatrice attend l'homme qui la délivrera de sa solitude. Elle fait passer une annonce promettant une récompense substantielle à l'homme qui saura l'intéresser, l'émouvoir et la séduire. Jean, un chasseur de primes expérimenté, se soumet aux trois épreuves par appât du gain. Mais Béatrice hausse les enchères : il s'agit en fait d'inventer l'amour. L'appartement se transforme en piège, la rencontre devient un duel. Tour à tour, Jean et Béatrice mettent en scène les gestes de l'intimité, miment les échanges de confidences, les disputes et les réconciliations, le partage du quotidien et l'usure du temps. Chaque tentative est une sorte de théâtre-vérité. Suffirait-il de croire à l'amour pour le faire exister ?
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Elle voulait écrire les aventures de Mary Simpson, elle voulait élever quatre garçons et quatre filles, marcher jusqu'à la Terre de Feu, découvrir un continent. Mais les choses se sont passées autrement. Elle a vendu des souliers bon marché, elle a écrit sur les murs des mots enflammés, elle a fait des sourires à la télévision puis elle a beaucoup dormi. Elle s'appelle Marie. Elle meurt quatre fois devant nous, de chagrin, de révolte, d'absurdité, de solitude. Mais toujours elle se reprend, suivant jusqu'au bout le fil ténu de la vie.
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Pourquoi de jeunes Chinois de 20 ans ont-ils taché le portrait de Mao en 1989 à Tienanmen, détruisant par ce simple geste de révolte leur vie par des années de prison et de torture ? Comment cela peut-il atteindre une Occidentale qui vit aux antipodes ? Et surtout : que deviennent nos grands principes et nos révoltes, vingt ans plus tard ? Quels sont les gestes essentiels qui font que l'on se sent encore vivants ?
Je pense à Yu : Madeleine, la cinquantaine, vit comme en suspension dans un nouvel appartement qu'elle n'arrive pas à aménager, entre un travail de traduction qu'elle reporte sans arrêt et des leçons de français qu'elle ne se résout pas à donner. Un entrefilet dans le journal du matin attire son attention. On y annonce que le Chinois Yu Dongyue vient d'être libéré après dix-sept ans de prison. Il avait été incarcéré pour avoir lancé des coquilles d'oeuf remplies de peinture rouge sur le portrait de Mao de la place Tienanmen, en mai 1989. Cette nouvelle secoue Madeleine plus qu'elle ne l'aurait cru. Elle s'enferme chez elle pour se plonger dans ces jours de mai 1989, mais sa retraite est perturbée par l'arrivée de Jérémie, un voisin qu'elle ne connaît pas, et par celle de Lin, une jeune immigrante chinoise réclamant ses leçons de français. Etrangers l'un à l'autre, réunis par hasard dans le salon de Madeleine et confrontés à l'histoire de Yu, tous trois voient ressurgir leurs doutes, leurs regrets et leurs espoirs. Madeleine relit son journal intime et adresse des pensées à Yu. Jérémie téléphone et parle de Yu à son fils qui souffre d'un manque affectif chronique et dont il s'occupe seul depuis que sa femme l'a abandonné. Lin envoie des lettres à sa mère restée en Chine, et compare le sacrifice de Yu pour son pays à son propre choix de fuir sa terre natale dans l'espoir d'une vie meilleure.
Carole Fréchette est toujours juste dans sa réflexion sur le militantisme et sur la vie. Grâce aux points de vue contradictoires de ses personnages, elle n'offre aucune réponse manichéenne mais ouvre au contraire largement la question de l'engagement, de nos jours.
"Je pense à Yu se situe au coeur de la question qui me hante comme auteur : comment parler du monde sans faire abstraction de soi ? Comment parler de soi sans oublier le monde ? A la jonction de la grande histoire et de la petite, du monde réel et de celui que j'invente. Mon écriture est en tension entre l'intime et le monde." (C. F.) PERSONNAGES : 2 femmes, 1 homme.
Entrefilet : ce texte, écrit à l'occasion du centenaire du quotidien Le Devoir, présente avec humour la genèse de l'écriture de Je pense à Yu, lorsque Carole Fréchette a réellement lu l'entrefilet sur Yu Dongyue le 23 février 2006, et comment quelques années plus tard elle a rencontré un autre dissident chinois exilé au Canada après avoir été condamné et emprisonné comme Yu. Au-delà du "making-of", ce court dialogue entre l'auteure, le journal et "La Petite Voix fatiguante" est un bel exemple de réflexion sur le rapport à l'information, au journal comme lien avec le monde. Il lève un coin de voile sur les chemins et détours de l'écriture.
PERSONNAGES : 1 femme, plusieurs voix.
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dans serial killer, une femme "assassine" ses amours et en collectionne les dépouilles, laissant son amoureux abasourdi devant cette violence incompréhensible et cruelle.
une jeune femme vend au plus offrant les morceaux choisis de son corps, certaines émotions et des souvenirs de son passé, dans une mise aux enchères qui confine au désespoir. quatre personnes, devant un appareil photo, peinent à prendre la pose nécessaire à un portrait de famille qui en rappellera un autre, pris dans un temps plus heureux. sur la route 1, cinq jeunes gens marchent vers la perte de leurs illusions et découvrent à chaque pas un peu plus de l'atroce vérité de la guerre, du feu et de leur histoire.
quatre courtes pièces, quatre univers singuliers, qui donnent un aperçu foudroyant de l'art et de la manière de carole fréchette
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Invitée à raconter sa version de la tragédie de sa soeur Antigone, Ismène la discrète, l'oubliée, revit les doutes qui l'ont traversée à l'époque et qui la taraudent toujours vingt-cinq siècles plus tard. Seule avec ses notes et ses immenses questions, elle livre une conférence d'abord hésitante qui se mue en confidence enfiévrée, à mesure que les souvenirs affluent et que les conversations passées refont surface. Au-delà du mythe, ce monologue inquiet sonde le conflit intime entre deux soeurs que tout oppose : Antigone la radicale, qui rayonne dans la pureté de la mort, et Ismène la modérée, qui hérite de l'imperfection de la vie et qui cherche à exister avec sa honte, sa peur, son besoin d'amour. Devant l'héroïsme et l'absolu, l'humanité et le réel font-ils le poids ? Un texte ample à la parole fine, tendue, brûlante.
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Quatre personnages viennent errer tour à tour sur les terrains d'une mine désaffectée.
Une femme silencieuse s'y est installée, qu'ils appelleront violette. le mystère de son identité suscite d'abord leurs spéculations puis, très vite, devient le miroir de leurs misères individuelles. paul a été quitté par sa femme, après avoir été victime d'un grave accident de mine. etienne, syndicaliste révolté, prépare un acte criminel. sa femme marie-jeanne souhaite en finir avec une relation où le désir est mort.
Judith est paralysée par la peur de rester dans le nord et de se mouler dans une vie écrite d'avance. les personnages se rencontrent, les histoires s'entremêlent. violette est le relais que chacun emprunte pour sonder sa propre profondeur.
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Marie-Odile, agricultrice, est à Ouagadougou pour un colloque international. Son tour de parole approche. Tandis que l'émotion la submerge - douleurs anciennes, joie des enfants accourus la veille lui donner la main en criant « nassara » : le Blanc, la Blanche -, la porte de la salle s'ouvre violemment. Entre Ali. Habitée par les voix multiples d'un choeur invisible, portée par une narratrice qui suit à la trace les pensées des deux personnages, la pièce entremêle chagrins privés et chocs du monde en une écriture soyeuse, haletante, aiguë. Quel est ce feu dans le ventre qui donne lieu aux déflagrations ? Et comment l'éteindre ?
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Une jeune femme qui a du mal à communiquer avec ses contemporains décide de se prendre en main. À travers ses proches, elle observe les humains et leurs tentatives malhabiles d'entrer en contact, de "parler petit". Traversant la pièce, un jeune homme croise son destin...
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Alors qu'elles amorçaient chacune l'écriture d'une nouvelle pièce, Nassara pour l'une, Le chant de la tortue pour l'autre, Carole Fréchette et Lise Vaillancourt ont entrepris une correspondance sur leur travail. Il en résulte une incursion précieuse dans leurs ateliers d'artistes, une conversation riche qui embrasse leur métier, ses joies et ses acueils, mais aussi tout ce qui, au fil des jours, les a traversées ou bouleversées : littérature, art, secousses du monde, chocs de leurs vies.
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