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C'est une carte de visite de moins de quarante minutes : avec Dry, autrement dit en 11 chansons, PJ Harvey s'est fait un nom. À coeur ouvert, PJ Harvey y dit ses amours contrariées sur un lot de guitares rutilantes et pourtant rêches, emplit ses ritournelles de figures bibliques ou matraque l'ennui de tous les jours jusqu'à obtenir satisfaction. Une fois sorties de sa chambre, les chansons de PJ Harvey épatent : les managers du label Too Pure, d'abord, John Peel, ensuite... et puis le reste du monde.
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Pour The No Comprendo, Catherine Ringer et Fred Chichin changent la dimension qui était la leur jusqu'au succès de Marcia Baïla. En travaillant une charpente rock-funk tirant vers des sons plus ronds, plus massifs aussi, mais sans tomber dans le piège de l'emphase pop.Une machine à danser intelligente, qui sait envelopper le funk d'atours un peu « crashés » et syncopés ; une boule d'énergie, fulgurante et chic à la fois où l'écriture soignée tient le premier rôle avec, en second degré, une dance-music agitant pieds, bassin et mollets pendant quatre minutes de pur plaisir.
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Fantasmé dans plusieurs configurations, Smile n'aura peut-être jamais le statut de chef-d'oeuvre canonique et immuable. N'existant longtemps qu'en pièces détachées, objet de manipulations diverses par ses impétrants (maison de disque, Brian Wilson, les autres Beach Boys), au fil des décenies, Smile ou Smiley Smile ou Smile Sessions ou Brian Wilson Presents Smile reste une oeuvre ouverte, inachevable, perdue pour le panthéon. Ce livre essaie de proposer une lecture aussi fragmentée que son sujet, à partir de la chronologie des sessions en studio.
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Un volume très à part de la collection Discogonie, qui marque un double 10e anniversaire (celui de la collection et du disque) Music For Museum est le récit de la création de la toute première « musique originale de musée » créée par le groupe AIR à l'invitation du Palais des beaux-arts de Lille en 2014, et gravée sur vinyle en tirage limité.
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Broken English (1979) constitue une renaissance et un tournant pour Marianne Faithfull, l'égérie britannique des années 1960. La voix abimée par des années d'excès pose une nouvelle atmosphère tournée vers la décennie des années 1980.
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Il faudrait idéalement pouvoir écouter les Doors depuis la vie. Or, la fin est là dès le commencement et, leurré par ce jeu constant sur « The End », on envisage trop souvent les Doors depuis la mort de Jim Morrison, sans réellement saisir le profond vitalisme de cette musique. C'est particulièrement tentant pour ce qui est du dernier album, L.A. Woman (1971). D'emblée, le mythe de Morrison se torsade à la mort et empêche la vive écoute des Doors. Le souhait qui anime ce petit livre est de désencombrer ce groupe de sa légende pour tâcher de le rendre à la musique.
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En 1975, dans un New-York en surfusion, à l'écart du son des protopunks, surgit un disque culte, un brasier de poésie rock, Horses. Après Janis Joplin, Patti Smith est la pionnière d'un nouveau visage du rock féminin, un rock anguleux, halluciné.
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En 1977, le groupe le plus punk au monde n'était vraisemblablement pas les Sex Pistols, The Damned ou The Clash, mais un duo de rockabilly électronique venu du fin fond de la zone de Brooklyn, physiquement intimidant, symbolisant par sa création musicale le délabrement social et architectural de la Grosse Pomme. Équipé d'une vieille boîte à rythme de bal, d'un orgue Farfisa couplé à quelques effets basiques, et d'un micro trempé dans une réverbération monstrueuse et un écho fantomatique, Suicide a engendré une musique minimaliste, chaotique et épileptique.
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Dominique A ; la fossette
Pierre Lemarchand, Thierry Jourdain
- Densite
- Discogonie
- 2 Avril 2021
- 9782919296231
En 1992, chanter en français pour un artiste qui aspire à faire un disque intransigeant ou introspectif va à l'encontre du bon sens et de la pensée dominante qui règne dans l'univers du rock indépendant. Il se retrouve alors instantanément, quelles que soient les chansons qu'il crée, étiqueté « chanson française ». Les précurseurs qu'ont été Alain Bashung et Jean-Louis Murat atténuent le sentiment d'isolement de Dominique A et le confortent dans ce choix définitif de chanter dans sa langue maternelle. "La Fossette" est un mélange de paresse assumée à certains moments et de volonté esthétique très claire d'un art volontairement brut à d'autres. Avec le recul, ces deux mouvements sont bien plus liés qu'on ne pourrait le croire et ne sont pas, d'ailleurs, sans rappeler une certaine démarche et attitude punk auxquelles Dominique A confesse être très attaché. La « paresse » a toujours été très relative chez lui et ne doit, en aucun cas, être confondue avec l'inactivité ou l'absence d'effort. Elle autorise l'invention.
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Sa couverture est blanche comme son inspirateur le fameux Album Blanc des Beatles. Surnom possible d'un double vinyle sans titre et sans image sorti en 1968, l'année du séjour en Inde, de l'entrée de Yoko et Linda dans les vies de John et Paul, l'année des révolutions. Juste un numéro de série. Juste un album des Beatles rempli à ras bord de trente chansons et expériences sous tension.
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"In Utero" a souvent été réduit à une note testamentaire du leader de Nirvana, Kurt Cobain, qui exorcise une dernière fois ses démons sur le bûcher grunge avant de lui-même "brûler franchement plutôt que de s'éteindre à petit feu". Ayant pour mission de recouvrer une virginité indé perdue avec le succès planétaire de "Smells Like Teen Spirit", cet album va pourtant bien au-delà d'une simple mise au point.
Hostile et direct, il se déploie comme un fabuleux traité d'anatomie artistique où se croisent une irrépressible sensibilité pop, une intégrité morale punk et l'ambition de dépasser le style que le trio de Seattle avait contribué à créer. De sa conception urgente à son accouchement dans la douleur, l'ultime album de Nirvana est vu ici à travers ses douze titres comme un passionnant bouquet de cris suspendus, frayant avec la souffrance physique et mentale, qui rend coup pour coup par ses brèches de lumière et d'humour noir.
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En 1982, paraît Nebraska de Bruce Springsteen. Enregistré à la maison, sur un coin de table, avec une guitare et un harmonica, ce qui ne devait être au départ qu'une maquette préparatoire à un album studio devient bientôt un de ses albums majeurs. Peut-être son plus grand disque ? Nebraska rompt avec l'univers électrisé des précédentes réalisations et contraste avec la rage rock de Born in the USA qui le révélera au très grand public deux ans plus tard.
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Are You Experienced paraît au Royaume-Uni le 12 mai 1967, à peine trois semaines avant le Sergeant Pepper's des Beatles, qu'il talonne bientôt dans les charts britanniques. À l'époque, Hendrix a déjà engrangé trois tubes, « Hey Joe », « Purple Haze » et « The Wind Cries Mary » ayant atteint le top ten du classement des singles, et ce à peine un an après son arrivée en Angleterre.
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Avec leurs mauvaises manières, leur façon à eux de faire revivre le folklore irlandais, The Pogues ont été des passeurs géniaux. Pour ça, il n'y a pas de mauvaises manières, il n'y a que des méthodes qui marchent. Jouant le jeu de l'instrumentarium et des thèmes traditionnels, le groupe, qui doit sa vitalité poétique à Shane MacGowan au chant, a écrit maintes chansons que beaucoup prennent pour des airs traditionnels irlandais.
Mais les Pogues ont fait leurs classes au milieu des punks et leur gigue carbure à cette énergielà, généreuse sur scène, mal contrôlée en dehors, avec son lot de frasques, de dentitions incomplètes et de substances trop faciles d'accès pour un groupe en vogue au milieu des années 1980.
Elvis Costello, le producteur de Rum, Sodomy and The Lash, sera parvenu à catalyser et restituer cette bourrasque londono-irlandaise sans jamais avoir l'air d'y toucher, discret jusqu'à subtiliser la seule touche féminine du groupe, sa bassiste. -
Bonnie 'Prince' Billy : I See a Darkness
Christophe Schenk
- Densite
- Discogonie
- 1 Septembre 2023
- 9782919296392
Des années Palace à la naissance de Bonnie 'Prince' Billy en 1998, Will Oldham aura changé autant de fois d'identité d'artiste qu'il aura signé d'albums. Difficile à pister dans ces conditions, il ne verra le suivre qu'un quarteron de fans, motivé par cette country dégagée de son folklore, et une écriture souvent hissée parmi les plus grands noms de la chanson américaine. Avec I See A Darkness, l'alias se fixe enfin, à l'occasion d'un album ténébreux et lumineux à la fois.
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L'objet de ce livre est de donner à voir le processus de création qui aboutira à la Fantaisie militaire. Un album qui concilie simplicité mélodique et complexité harmonique et où sont mêlés des instruments organiques et sons issus de machines.
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Harvest de Neil Young est l'un de ces étranges albums qui, au moment sa sortie, ne reçut ni l'assentiment de la critique, ni celui de son auteur ! Le public allait pourtant lui faire un accueil triomphal et le propulser au sommet des hit-parades des ventes de l'année 1972. Au fil des décennies, il s'est imposé comme un des albums clef de l'histoire du rock. C'est que, dans ses choix de production et d'instrumentation aussi bien que dans ses textes et dans son travail d'écriture, Neil Young réussit cette prouesse rare d'incarner son époque. Harvest peut s'écouter aussi bien comme une sorte d'acte de décès des utopies de la période hippie que comme l'acte fondateur de cet adult oriented rock qui s'imposera comme l'une des grandes tendances des décennies à venir, sans perdre pour autant cette hargne et ce son que lui envieront les hérauts du grunge.
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Dernier volet de la trilogie glacée, Pornography apparaît comme l'ultime étape d'un processus d'exploration des possibles. L'album est une sorte de « monument à la limite du pays fertile » (Paul Klee), brûlant les toutes dernières cartouches d'un homme, Robert Smith, qui n'aura d'autre solution après cela que la fuite. Non une fuite en avant conduisant à la mort, mais une échappée vers ailleurs. Mise à nue violente et indécente dans les tréfonds de l'âme, plongée en apnée dans les profondeurs abyssales des craintes et tourments les plus sombres, Pornography ne pouvait être qu'un point d'achèvement après quoi il fallait disparaître... ou renaître. Ce petit livre n'a d'autres but que d'explorer les processus de création ayant conduit à ce disque aujourd'hui reconnu comme une pierre angulaire dans la carrière du groupe voire dans l'histoire de la musique pop-rock.
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Serge Gainsbourg : histoire de Melody Nelson
Philippe Gonin
- Densite
- Discogonie
- 15 Janvier 2021
- 9782919296217
Pour Serge Gainsbourg, Histoire de Melody Nelson est d'abord une histoire de rencontres : celle amoureuse, de Jane Birkin et celle musicale, de Jean-Claude Vannier. L'une et l'autre ont eu une influence considérable sur cet album. Échec notoire à sa sortie, il n'est devenu disque d'or après que Gainsbourg trouve enfin un succès large avec sa version iconoclaste de la « Marseillaise » version reggae en 1979.
Composé de trois entités dont le traitement diffère (le groupe rock, les éléments symphoniques et la voix de Gainsbourg), le son de l'album est unique dans l'univers pop de ce début de 1971.
Le mixage ne cherche pas à restituer la réalité de l'espace et du volume sonore.
L'idée d'un album-concept, aurait été glissée à Gainsbourg lors d'un déjeuner par le directeur artistique Jean-Claude Desmarty. « Je [lui] ai suggéré d'enregistrer un album-concept, les Anglais faisaient ça avec succès et ça n'existait pas en France. » Romantique et sulfureuse, la foudroyante Histoire d'un dandy amoureux d'une nymphette épouse la forme d'un labyrinthe.
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OK Computer s'est imposé comme un des points culminants de la culture musicale des années 1990. C'est aussi l'album qui fait entrer Radiohead dans le cercle très restreint des musiciens dont on a souligné la capacité de réaliser la synthèse créative de leur époque, celui qui leur a permis d'accéder au statut enviable de groupe « exigeant » adulé par un large public. Avec ce groupe qui a fait de l'expérimentation sonore une de ses marques les plus distinctives, établir la discogonie de OK Computer c'est avant tout s'attarder sur la matière sonore non pas en tant que fin en soi mais dans la perspective d'une analyse des relations étroites qu'elle entretient avec le contenu musical et thématique du disque.
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L'année où Nevermind, Out of Time, Ten, Loveless, Blue Lines imposent leur tempo indé dans les charts, le label Touch and Go presse courageusement 4000 exemplaires du second album de Slint, un groupe de Louisville qui s'est déjà séparé. Spiderland va commencer silencieusement à essaimer, objet d'un culte toujours souterrain. Tour à tour sévère, intense, intime et menaçant, avec un goût prononcé pour les effets de rupture, l'album obsède depuis 1991 toute une génération de musiciens et passe le rock en mode "post".
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Début novembre 1992 paraît le premier album d'un groupe du nom de Rage Against The Machine. Il contient dix titres et figure en pochette une image emblématique de la résistance contre l'oppression politique : la photographie de l'immolation du bronze Thích Quang Duc au Vietnam en 1963.
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Dans la discographie de Depeche Mode, Violator est l'album qui fait l'unanimité. Ce disque referme la décennie 80 avec son atmosphère sombre et électronique comme celui qui l'avait inaugurée : Closer de Joy Division.
DM entendait se renouveler et passer plusieurs caps : négocier le passage dans la nouvelle décennie, confirmer son ancrage sur le marché américain, changer de direction musicale. Pour la première fois se font entendre les instruments acoustiques et les guitares électriques.
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The Smiths : the queen is dead
Sebastien Bismuth, Nicolas Foucault
- Densite
- Discogonie
- 2 Avril 2021
- 9782919296224
Le 16 juin 1986, l'album fut unanimement acclamé par la critique. Classique instantané, imperméable à l'air du temps et aux sons synthétiques de l'époque, il est l'oeuvre d'un groupe ambitieux alors en état de grâce. Johnny Marr, déjà brillant et inspiré sur les opus précédents, élargit sa palette jangle-pop alors que Morrissey y écrit ses textes les plus fondamentaux. Fort d'une carrière prolifique et d'une réputation flatteuse, c'est un groupe animé d'une confiance et d'une ambition énorme qui entre en studio à l'automne 1985. À cette période, l'inspiration de Johnny Marr est telle qu'il écrit chez lui, en un seul après-midi, la musique de "Cemetry Gates", "I Know It's Over" et "Frankly Mister Shankly". Le groupe bouscule la grammaire du rock quand Morrissey en réinvente le lexique et les codes.