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Nuvis
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23 mars 1933 : Hitler reçoit les pleins pouvoirs tandis que
Kurt Weill, qui a fui l'Allemagne deux jours plus tôt, arrive à
Paris. Il ne retournera jamais dans ce pays qui l'a vu naître
et où il a accédé à la célébrité très jeune, dès 1928, grâce
à L'opéra de quat'sous, une oeuvre qui va faire le tour du
monde et dont il a écrit la musique sur un livret de Bertolt
Brecht.
Kurt Weill n'est pas un inconnu en France, notamment dans
le monde de la culture, et il ne manque pas de soutiens. Il
va y résider deux ans et demi et y écrire plusieurs chefs
d'oeuvre. Pourtant, rien ne va se passer comme il l'espérait.
Entre incompréhension et cabales, ses oeuvres ne vont pas
rencontrer le succès escompté.
Le 4 septembre 1935, il part pour les États-Unis, pensant y
passer quelques mois seulement, le temps qu'on y monte
sa plus grande partition pour la scène, celle du Chemin de
la promesse. Il fera outre-Atlantique une brillante carrière et
y restera jusqu'à la fin de sa courte vie.
Kurt Weill en France est le récit passionnant de cette période charnière de la vie du compositeur, entre Berlin et Broadway dont il va devenir un des rois. Un mal pour un bien et une occasion manquée pour le monde de la musique en France -
Diabolus in opéra ; composer avec la voix
Karol Beffa
- Alma Nuvis
- Concerto
- 18 Janvier 2018
- 9782362792533
« L'opéra dépend de facteurs étrangers à la musique et au livret, comme les choix du metteur en scène, du décorateur, des interprètes. C'est donc pour un compositeur le genre le plus écrasant en termes d'énergie dépensée pour l'écrire et le plus aléatoire quant au succès qu'il aura lors de sa représentation ».
Karol Beffa retrace ici rapidement son itinéraire, depuis l'enfance et ses influences, les années de conservatoire, les premières compositions jusqu'à l'écriture de deux opéras : K ou la piste du château et Equinoxe inspirés de l'oeuvre de Kafka.
Chose faite, il consacre l'essentiel de cet essai à analyser selon des angles totalement inédits des oeuvres emblématiques ou moins connues. L'opéra, pour de nombreuses raisons est considéré comme un art mimétique. Le livret exerce sur la musique un empire supposé absolu et paraît brider la liberté musicale au profit d'une expressivité immédiatement rattachée à des émotions connues et codifiées. Qu'en est-il exactement ?
Le résultat est passionnant : ce que montre Karol Beffa, aussi bien chez Verdi (La traviata, Aida), Ravel (L'enfant et les sortilèges), Strauss (Elektra), Puccini (La Fanciulla del West), Zemlinsky (Une tragédie florentine, Le nain), Ponchielli (La Gioconda) ou l'injustement oublié Massenet (Le cid, Cendrillon) c'est leur commune capacité à débrider, à remettre en cause des principes établis, à subvertir des codes, à produire des désajustements dramaturgiques ou musicaux.
De la même façon, l'auteur démontre, en croisant leurs trajectoires, comment Wagner et son beau-père Franz Liszt, Ligeti et Mahler, Gorecki et Penderecki ont affirmé leur capacité à aller contre - quitte à forcer le passage, en écrivant des opéras et, plus largement, des oeuvres vocales. Des couples improbables dont la réunion inédite fait saillir ici l'incroyable liberté.
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Se mettre en quatre ; la vie quotidienne en quatuor à cordes
Sonia Simmenauer
- Alma Nuvis
- Concerto
- 11 Janvier 2018
- 9782362792519
« Le quotidien partagé amène son lot de situations dans lesquelles un collectif bien rodé communique par des moyens de plus en plus restreints, un simple regard souvent, un mouvement de la main, à peine perceptibles de l'extérieur. On se connaît par coeur, on anticipe l'autre. Bien sûr, à trop se côtoyer, le risque existe de ne plus vraiment se voir. » Quatre musiciens décident de jouer ensemble. Quoi de plus simple ? Apparemment... Voici quatre personnes qui vont vivre ensemble pendant dix ans, vingt ans, ou plus - si affinités. Mais, précisément, d'affinités il ne s'en trouve peut-être pas, en dehors de l'art musical suprême qu'est le quatuor à cordes. Ces musiciens - hommes, femmes - vont passer l'essentiel de leur vie de répétitions en concerts aux quatre coins du monde, dans des conditions matérielles souvent aléatoires, et en constante interdépendance, alors qu'ils mènent par ailleurs d'autres existences avec d'autres projets, d'autres goûts. En plongeant le lecteur au coeur de la vie du quatuor, Sonia Simmenauer témoigne d'une expérience du « vivre ensemble » qui - lors de la parution du livre en Allemagne - a aussi fasciné les chefs d'entreprises et les spécialistes du management. Sonia Simmenauer, française née aux États-Unis, a commencé à s'occuper d'artistes en 1982 dans la grande agence de concert Schmid (Hanovre). En 1989, elle crée l'Impresariat Simmenauer (Berlin). Elle représente, depuis, les plus grands quatuors ainsi que de nombreux solistes dans le monde entier.
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« La musique est le lien ténu qui unit les hommes. Elle résiste aux conflits, apaise les douleurs, enchante l'âme. Elle sera toujours là quand nous partirons et sa souveraineté ne cessera de s'étendre ».
Considéré dans le monde entier comme l'un des principaux pianistes français, Jean-Philippe Collard revient, pour la première fois, sur son itinéraire. De sa Champagne natale où la musique était au coeur de la famille jusqu'aux grandes salles de concert à travers le monde, le pianiste raconte son apprentissage puis son long compagnonnage avec le clavier. Si la musique est d'abord pour lui un exercice d'amitié et d'admiration comme en témoigne sa rencontre avec Vladimir Horowitz, c'est avant tout le plus beau cadeau que lui ait fait la vie, et qu'il entend partager avec tous.
On trouvera ici une subtile réflexion sur le métier de musicien, sur l'art du piano et sur la quête permanente d'une « rencontre du son et du coeur ».
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L'histoire de l'opéra épouse celle de la civilisation qui l'a fait naître. C'est le propos de cette petite encyclopédie qui, en cinquante oeuvres clés, cinq-cents opéras cités, mille oeuvres évoquées et quatre siècles d'histoire des donne l'ambition de parcourir, dans toutes ses dimensions, l'art lyrique.
Pourquoi et comment l'opéra est-il né en Europe ? Que dit l'opéra des lieux, des époques et des hommes qui l'ont façonné ? Que devient-il au XXIe siècle ? Cet ouvrage examine l'art lyrique depuis sa naissance favorisée par un contexte politique, économique et social jusqu'à l'époque la plus contemporaine marquée par les doutes sur son avenir.
Chacun des cinquante opéras étudiés ici est abordé sous deux angles. Un résumé du livret expose dans un premier temps ses sources et toutes ses clés de compréhension pour en saisir le sens et la profondeur. Puis, une mise en perspective inscrit l'oeuvre dans son contexte historique et social et dans l'ensemble du répertoire.
Outil unique pour saisir le sens de l'Opéra et des oeuvres aujourd'hui représentées, il s'adresse tant aux lyricomanes passionnés qu'au grand public curieux de comprendre ce « spectacle total » qui a acquis une importance fondamentale dans la culture occidentale.
Diplômé de SciencesPo et de l'IHEDN, Julien Bouvet ajoute à sa connaissance du répertoire une fine compréhension des enjeux politiques et sociaux de l'opéra. Ancien président de la revue Regards croisés sur l'économie, il est aujourd'hui consultant en transformation des organisations auprès du ministère des Armées. -
«Au commencement il y a le silence, et la musique naît du silence. Le silence constitue la condition préalable à toute musique. » Andras Schiff est sans conteste l'un des plus grands pianistes vivants. Il joue avec une égale maîtrise un répertoire immense allant de Bach à Bartok, en passant par Mozart et Beethoven. Il fait aussi partie de ces interprètes qui parlent avec un bonheur de leur art et de ces intellectuels engagés qui savent se faire entendre par le courage de leurs prises de position. Dans cet ouvrage, Andras Schiff partage avec nous ses secrets interprétatifs de pianiste et de chef d'orchestre tout en brossant le portrait des grands artistes qu'il a croisés et qui l'ont inspiré. En même temps, revenant sur son histoire personnelle marquée par le souvenir de la Shoah, une jeunesse passée dans la Hongrie communiste puis un douloureux exil, il nous livre la vision politique d'un des grands penseurs de la musique d'aujourd'hui. Dans ce témoignage à la fois grave et plein d'esprit, nourri par les drames et les grandes espérances des XX e et XXI e siècles, c'est également une éthique qui s'impose.
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Ni Lang Lang, ni Glenn Gould : Interpréter la musique
Michel Mollard
- Nuvis
- 2 Janvier 2023
- 9782363671929
Pas un jour ne passe sans que paraissent un livre, un guide, une revue, un article vantant ou vilipendant tel musicien ou telle interprétation. On y apprend tout ou presque des goûts de ce que la France compte de passionnés, auteurs, journalistes, critiques chenus ou en herbe ; mais on y cherche en vain les prémisses d'une esthétique ; on sait tout de leurs goûts et on ignore tout de leur goût. La preuve ? on la trouve dans l'incohérence de leur contenu, souvent aléatoire dans le temps et dans l'espace.
Malheureusement pour elle, la musique n'est pas comme les paroles de Socrate qui, aux dires d'Alcibiade, conservent leur pouvoir même rapportées par un pauvre sire ; transmise par un piètre interprète, elle peut perdre le sien. La question de son interprétation est donc décisive.
Ce livre s'intéresse à l'esthétique de l'interprétation et s'attache à répondre à ces questions que tout le monde se pose : qu'est-ce qu'une grande interprétation ? qu'est-ce grand interprète ?
Un livre qui intéressera tous ceux qui aiment la musique et cherchent à mieux la connaître, et qui sonnera aussi comme un appel à la liberté de pensée. -
La musique naît du silence ; entretiens avec Martin Meyer
András Schiff
- Alma Nuvis
- 8 Novembre 2018
- 9782362792816
Andras Schiff est sans conteste l'un des plus grands pianistes vivants. Il joue avec une égale maîtrise la musique de Bach et celle de notre siècle. Il fait aussi partie de ces interprètes qui parlent avec un rare bonheur de leur art et de ces intellectuels engagés à qui il convient de prêter une oreille attentive pour le courage de leurs prises de position.
Dans cet ouvrage, Andras Schiff nous livre sa vision de la musique, partageant avec nous ses secrets interprétatifs de pianiste et de chef d'orchestre tout en brossant le portrait des grands artistes qu'il a croisés. En même temps, revenant sur son histoire personnelle marquée par le souvenir de l'Holocauste, une jeunesse passée dans la Hongrie communiste puis l'exil, il nous livre aussi la vision politique d'un des grands penseurs de la musique d'aujourd'hui.
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Paysage tourmenté de falaises et de ravins Encre sur papier, 28 x 980 cm. Sur cet ample et splendide panorama se déploient tour à tour des montagnes abruptes et verdoyantes d'où émergent des ruisseaux encaissés, d'épaisses forêts sombres cachant à moitié des fermes isolées, ou encore de vastes étendues d'eau bordées de roselières où flottent doucement des bateaux solitaires... Cette composition puissante, complexe et authentique, où le pinceau ne semble jamais se relâcher, respire néanmoins la quiétude et le silence.
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Procession d'Immortels rendant hommage au Mystère originel Encre sur soie, 58 x 777,5 cm. Cette oeuvre présente un cortège de divinités - immortels et seigneurs des Cinq Points cardinaux - venues honorer la mémoire la Lao Zi, le « Vénérable et Très Haut Esprit» du taoïsme. Ouvert par des généraux divins, le défilé, qui progresse de droite à gauche, est dominé par deux empereurs célestes nimbés de lumière, autour desquels se rassemble une nuée de jeunes pages brandissant bannières et parasols. La foule, nombreuse et dense, avance en bon ordre. Les étoffes légères ondoyant dans le vent, croquées d'un trait habile et rapide, donnent l'illusion que les figures flottent dans les airs. Empereurs célestes graves et sévères, généraux divins à l'allure martiale, immortels gracieux et charmants : chaque catégorie de personnages est immédiatement reconnaissable par ses mouvements, son attitude ou sa vêture, tous détails brossés avec précision et réalisme.
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'Le quotidien partagé amène son lot de situations dans lesquelles un collectif bien rodé communique par des moyens de plus en plus restreints, un simple regard souvent, un mouvement de la main, à peine perceptibles de l'extérieur. On se connaît par coeur, on anticipe l'autre. Bien sûr, à trop se côtoyer, le risque existe de ne plus vraiment se voir.' Quatre musiciens décident de jouer ensemble. Quoi de plus simple? Apparemment... Voici quatre personnes qui vont vivre ensemble pendant dix ans, vingt ans, ou plus - si affinités. Mais, précisément, d'affinités il ne s'en trouve peut-être pas, en dehors de l'art musical suprême qu'est le quatuor à cordes. Ces musiciens - hommes, femmes - vont passer l'essentiel de leur vie de répétitions en concerts aux quatre coins du monde, dans des conditions matérielles souvent aléatoires, et en constante interdépendance, alors qu'ils mènent par ailleurs d'autres existences avec d'autres projets, d'autres goûts. En plongeant le lecteur au coeur de la vie du quatuor, Sonia Simmenauer témoigne d'une expérience du «vivre ensemble» qui - lors de la parution du livre en Allemagne - a aussi fasciné les chefs d'entreprises et les spécialistes du management.
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Depuis la réouverture de la Chine à la fin de l'année 1977, de nouveaux courants litté-raires et artistiques ont émergé les uns après les autres, dont l'école Jintian (Today), l'école Xingxing huapai (issue des tableaux nommés « Les étoiles »), le Xiandaipai (école moderne), le Xianfengpai (école avant-gardiste), le Houxiandai xiezuo (écriture post-moderne), le Feifei zhuyi (école du nihilisme), l'écriture féminine du corps (Nüxing shenti xiezuo). Ces mouvements littéraires et artistiques regroupent les courants qui privilégient l'esprit de révolte du « je » et le rêve de l'ailleurs représenté essentiellement par l'Occident. Ainsi surgit une époque marquée par l'angoisse identitaire, la soif de liberté à l'égard de la société. L'école Xingxing dont la naissance en 1979 est marquée par une exposition de peintures annonce celle de l'art à Pékin.
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CERTAINS êtres ont une destinée extraordinaire ; on s'aperçoit après leur mort que cette destinée aura été totalement improbable et que leur vie n'aurait jamais dû être ce qu'elle a été. Mozart est de ceux-là. De tous les grands compositeurs, il est sans doute celui qui a eu la destinée la plus invraisemblable. Sa vie a fait de lui ce qu'il est devenu : un génie unique en son genre.
Certains êtres ont une vie tragique. Ils ont accumulé incompréhensions et désillusions ; ils ont traversé crise sur crise et cela les a marqués de plus en plus profondément. Mozart est de ceux-là. Ses dernières années, durant lesquelles il a produit ses chefs d'oeuvre, sont pathétiques : il est mort ruiné, et discrédité par la haute société viennoise.
Certains êtres ont une mort rédemptrice. Ils ont quitté le monde pauvres, déchus, calomniés. Mais ils sont devenus immenses après leur mort. Mozart est aussi de ceux-là. Sa destinée extraordinaire, sa vie dramatique, sa rédemption, son apothéose, ne peut être pleinement comprise et appréciée qu'en se situant historiquement et géographiquement au moment où il a vécu, et là où il a vécu.
Ce livre relate la vie de Mozart telle qu'elle fut, débarrassée des légendes, des parti-pris et des clichés qui encombrent souvent ses biographies, et resituée dans son contexte, ce non-dit du texte dans lequel se trouve, selon l'auteur, la clé de ce que certains commentateurs appellent encore « l'énigme » Mozart. Il montre combien sa musique, éminemment humaine, est tragi-comique comme il en est de la vie, et comme il en a été de la sienne. Mozart pleure et rit tout à la fois à la manière d'un enfant ; il se désespère et garde espoir en même temps. Mais il ne juge pas.
C'est toute cette humanité-là qu'on peut déceler dans les oeuvres immenses qu'il nous a laissées, et c'est à cause d'elle qu'on ne peut pas ne pas l'aimer : on connaît le mot de Stendhal selon lequel le nom de Mozart ne périra pas tant qu'il se trouvera des âmes sensibles.
La recherche concernant Mozart et ses oeuvres continue d'être très active. Des documents de première importance ont été découverts au cours de ces dernières années, dont l'auteur a tenu le plus grand compte dans son travail, et qui rendent plus actuelle et plus nécessaire que jamais cette biographie très vivante et remarquablement documentée. Celle-ci devrait être lue et méditée par toutes celles et ceux qui ne peuvent se passer de la musique de Mozart, soit parce qu'ils l'écoutent, soit parce qu'ils la jouent. Et elle devrait leur permettre de mieux l'écouter, de mieux l'apprécier - et sans doute aussi de mieux l'interpréter.
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Jean-François PHELIZON, mélomane et audiophile depuis toujours, s'est lancé il y a quelques années dans la production de concerts classiques, en France et aux États-Unis. Il a fait par ailleurs une carrière d'industriel et d'éditeur, et il est l'auteur de plusieurs livres traitant du concept de la stratégie. Enfin, il a publié chez Europ&Art une introduction à la musique classique et à la profession de musicien : Entrer en musique (en 2021) ; et une monographie sur la Flûte enchantée (en 2022). C'est sa profonde connaissance de Mozart et de ses oeuvres qu'il nous livre dans ce livre, loin des tabous et dans un style particulièrement direct. -
Il n'est pas besoin d'être musicien pour entrer dans le monde de la musique classique. C'est ce que démontre ce livre au travers d'un impressionnant voyage dans les coulisses de l'art et de l'histoire.
Après un prologue consacré aux salles de concerts, où l'on découvre la fragilité dont font souvent preuve les solistes, la première étape de ce voyage explique la difficulté qu'il y a à devenir musicien. Les années d'apprentissage sont en effet des années où, peu à peu, les meilleurs élèves sont amenés à prendre conscience de leur talent, mais dans un environnement de plus en plus âpre et compétitif.
La seconde étape est consacrée aux instruments : au violon et plus particulièrement au piano. L'histoire des facteurs de pianos suit les péripéties de l'histoire elle-même aux XIXe et XXe siècles. Quant à l'instrument, il comporte une mécanique presque aussi complexe que celle d'un moteur d'automobile, mais bizarrement toujours constituée de bois, et ce, depuis deux cents ans.
La troisième étape de ce voyage montre la relation complexe qui existe entre l'interprète et le compositeur, et elle précise comment la « musique d'interprétation » a pris aujourd'hui le pas sur la « musique de composition ». Plus largement, elle décrit les trois composantes de toute interprétation, que l'auteur appelle l'executio, l'explicatio et la recitatio.
La quatrième étape est consacrée au classicisme et à la musique classique. Des périodes baroque et classique proprement dite aux périodes romantique et post-romantique, elle propose un rapide voyage dans le temps où l'on voit progressivement la musique changer de forme et suivre l'évolution des mentalités, et où l'on découvre qui sont les initiateurs de ces changements.
La cinquième étape permet de comprendre ce qui, au-delà de l'art proprement dit, permet à un musicien de devenir un grand interprète. Pour faire carrière, le musicien doit apprendre à gérer ses relations avec les professionnels de la musique. Mais il ne saurait « réussir » aujourd'hui sans entrer de plain-pied dans le monde numérique qui bouleverse la « musique d'interprétation ».
Enfin, la sixième étape de ce voyage est consacrée à la musique des cent dernières années, qui a connu en somme deux périodes très différentes. Les musiciens ont d'abord cherché à remettre en cause les fondements de la musique traditionnelle en inventant de nouvelles harmonies. Puis ils ont voulu modifier la nature même de la musique, ce qui les a conduit à procéder à des expérimentations sonores de plus en plus controversées.
La musique classique continue d'être très vivante aujourd'hui, portée par de nouvelles inspirations en provenance des États-Unis et de la Chine. C'est sur quelques considérations prospectives que s'achève ce voyage très documenté, au terme duquel le lecteur aura pu appréhender les tenants et aboutissants de la musique, ce « don des dieux » comme la qualifiaient les Anciens.
Jean-François Phelizon, mélomane et audiophile depuis toujours, s'est lancé depuis quelques années dans la production de concerts classiques. Il a fait par ailleurs une carrière industrielle et est l'auteur de plusieurs livres traitant de la stratégie en général. C'est son expérience avec les artistes, les salles de concert et les professionnels de la musique qu'il nous livre ici, loin des tabous et dans un style particulièrement direct et vivant. -
CET ESSAI, court et documenté, porte d'abord sur le contexte dans lequel La Flûte enchantée a été composée. Le contexte intellectuel et artistique bien sûr, qui est celui de la philosophie des lumières. Le contexte politique aussi, avec l'avè¬nement de l'empereur Léopold II qui voit d'un mauvais oeil les idées libérales que son frère aîné a essayé de promouvoir. Le contexte personnel enfin dans lequel se trouve Mozart en 1791, incompris par la haute société viennoise, perclus de dettes, ignoré par ses « frères » francs-maçons : il sent sa mort approcher et rêve manifestement d'un monde meilleur. Différentes analyses du livret sont ensuite passées en revue, que l'auteur juge peu con¬vaincantes parce qu'elles ont tendance à n'analyser que le texte sans tenir compte des contextes et que, de ce fait, elles apparaissent trop éloignées de la pensée de Mozart pour être crédibles.
Après l'ode à la liberté qu'est L'Enlèvement au Sérail et l'ode à l'égalité que sont Les Noces de Figaro, c'est une autre ode que l'auteur nous invite à
ré-écouter. Dans son dernier opéra, Mozart célèbre en effet une béné-volence dont il a rêvé toute sa vie mais qu'il n'a plus l'espoir de rencontrer ici-bas. Cette écoute nou¬¬velle, accordant sans doute moins d'im¬portance au livret et à l'exégèse du texte qu'à la partition et à la recherche d'une affectio ad musicam, révélera sans doute au lecteur cette évidence : alors que la Révolution fran¬çaise en ses débuts est l'abou¬tissement politique de la philosophie des lumières, La Flûte enchantée en est l'abou¬¬tis¬se¬ment musi¬cal. Elle marque la fin de la période classique et ouvre la voie aux compo¬siteurs romantiques.
Cet aboutis¬sement, Mozart aura réussi, malgré sa profonde détresse, à en faire un absolu chef d'oeuvre, avec l'une des musiques les plus ineffables et les plus poignantes qui aient jamais été compo¬sées.
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Jean-François Phelizon, mélomane et audiophile depuis toujours, s'est lancé il y a quelques années dans la production de concerts classiques. Il a fait par ailleurs une carrière industrielle et est l'auteur de plusieurs livres traitant de la stratégie en général. Enfin, il a publié en 2021 chez Europ&Art une intro-duction à la musique classique et à la profession de musicien : Entrer en musique. C'est un peu de sa profonde connaissance de Mozart qu'il nous livre ici, loin des tabous et dans un style particulièrement direct. -
L'Exploration de la montagne Encre et couleurs sur papier, 61 x 863 cm. Inspirée d'une légende populaire, le tableau illustre l'histoire de l'esprit céleste Erlang descendu sur Terre pour capturer des démons qui écumaient les montagnes. On peut y voir ses soldats divins, à l'air sauvage et menaçant, ratisser le terrain en quête de leurs victimes. Poursuivis par les féroces guerriers, les monstres affolés, transformés en jeunes femmes ou revenus à leur forme initiale, tentent de fuir en toute hâte ou essaient de se réfugier dans des grottes.
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Oiseaux rares, dessin d'après nature. Encre sur papier, 27,5 x 521,5 cm. Archétype des tableaux de fleurs et d'oiseaux de Song Huizong, cette oeuvre infiniment vibrante et détaillée tendant vers le naturalisme restitue la forme et l'esprit de ses modèles avec une acuité et une habileté étonnante. La superposition de lavis d'encre claire et de points plus foncés fait ressortir le velouté, l'épaisseur et la bigarrure du plumage des volatiles. De même, les branches d'arbre et les tiges de bambou semblent animées d'un souffle vital.
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Montagnes estivales, en attendant le bac Encre et couleurs sur soie, 50 x 329,5 cm. Vue des rivières Xiao et Xiang Encre et couleurs sur soie, 50 x 141,5 cm. Succession d'aplats, de lavis et de traits plus ou moins épais, ces deux tableaux évoquent avec grâce et volupté les ombres, les formes et les contours d'un paysage vallonné et verdoyant à la fois baigné de lumière et recouvert de brume inspiré de la région du Jiangnan. Imperceptibles observées de près, l'étendue et la grandeur de la composition, de même que l'originalité de la technique de l'artiste, se dévoilent quand on prend de la distance. Ainsi voit-on apparaître, dépeint avec une réelle vivacité, un magnifique panorama où les eaux de la rivière et du lac, parsemées d'îlots de sable, glissent entre de riantes collines à la végétation luxuriante qui se perdent à l'horizon dans un brouillard diaphane et humide.
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Les Six Premiers Patriarches du bouddhisme chan, de Bodhidharma à Huineng Encre et couleurs sur soie, 34 x 219,5 cm. Sur ce rouleau présentant tour à tour les six premiers patriarches du bouddhisme chan - Bodhidharma, Huike, Sengcan, Daoxin, Hongren et Huineng -, les protagonistes se succèdent dans un décor chargé de montagnes, de sources claires, de vieux pins et de cyprès, brossé avec une alternance de traits fins et de lignes épaisses. Dans la filiation de Liu Songnian et de Li Tang, le dessin est précis et rigoureux, les figures frappent par leur vie et leur dynamisme, et les différentes scènes, bien qu'indépendantes, défilent avec aisance et fluidité. Rappelant le style classique de l'Académie des Song du Sud, la maîtrise du pinceau de Dai Jin se met au service du réalisme des personnages, une autre caractéristique de ses oeuvres.
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Fleurs au bord de la rivière Encre sur papier, 47 x 1292,5 cm.
Exécutée à la seizième année du règne de Kangxi, cette oeuvre remarquable, la plus vaste réalisée par l'artiste, tient à la fois de la peinture, de la calligraphie et de la poésie. Sujet principal de la composition, les lotus sont dessinés avec une grande économie de moyens : larges traînées noires pour les feuilles, fins contours pour les boutons la superposition des lavis d'encre leur octroie néanmoins beaucoup de présence et d'intensité. À mesure que l'on avance dans le tableau, la luxuriance des fleurs au bord de l'eau laisse place à un paysage rude d'arbres morts et de pierres éparses, que le peintre restitue très habilement en associant des traits épais et droits à d'amples vides glacials. Le contraste entre les eupatoires et les bambous, brossés avec de courts coups de pinceau clairs, et la mousse sur les rochers, figurée par de petits points foncés, accentue la gravité et la profondeur de la scène. Tout à droite, le torrent dévalant la colline semble vouloir rappeler au spectateur la vie pleine d'infortunes et de souffrances qui fut celle de Badashanren. -
Brumes sur les montagnes, à l'aube d'un jour d'automne Encre et couleurs sur soie, 40 x 603 cm.
Vaste décor de montagnes escarpées, ce tableau donne à voir une imposante cordillère ponctuée de ruisseaux, de cascades et de belvédères. Brossés de vigoureux traits en « gouttes de pluie », rochers et falaises sont constellés d'innombrables points noirs qui soulignent leur relief. Tandis qu'entre les cols flotte une douce vapeur, au loin on aperçoit de frêles bateaux de pêche glissant sur le fleuve. -
Festivités nocturnes de Han Xizai Encre et couleurs sur soie, 29 x 335,5 cm. Ce rouleau se présente comme un instantané de l'existence de Han Xizai (902-970), intendant du palais sous la dynastie des Tang du Sud. Nous donnant à voir plusieurs meubles et accessoires typiques de cette période (paravents, bureau de travail, instruments à vent, lit...), le tableau, abolissant toute notion de temps, se développe en cinq scènes : le récital, le spectacle de danse, le repos, le concert de flûtes et les adieux. Témoin du raffinement et de la sophistication de la vie des lettrés à l'époque, l'oeuvre masque difficilement les blessures et l'amertume dont souffrait Han Xizai sur le plan politique, et par conséquent saisit avec succès toute la complexité du personnage.
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La Nymphe de la rivière Luo Encre et couleurs sur soie, 27,1 x 573 cm Inspiré des vers éponymes du prince des Trois Royaumes Cao Zhi (192-232), ce rouleau dépeint l'amour sublime que porte le poète à une nymphe de la rivière Luo ainsi que la profonde affliction que lui cause l'impossibilité de demeurer aux côtés de l'esprit des eaux. En faisant apparaître plusieurs fois les protagonistes dans divers décors indépendants de montagnes, de forêts et de rivières, le peintre a réussi à intégrer continuité et cohérence dans la progression narrative. Le trait, qui allie délicatesse, vigueur et sobriété, est typique du style de Gu Kaizhi, que l'on compare souvent à de «fins fils de soie». Les couleurs franches s'accordent élégamment avec les contours nets et l'absence d'ombres bien marquées. En cela, cette oeuvre où «l'Homme dépasse la montagne» et où «l'eau ne recouvre pas le monde» annonce déjà la peinture des Dynasties du Nord et du Sud.
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Vague automnale au creux des ravins Encre sur papier, 27 x 448 cm. Présentant un paysage vallonné et luxuriant, le tableau s'ouvre sur la droite par une dense forêt de pins entrecoupée de ruisseaux. À mesure que l'on avance vers la gauche, le lacis de cours d'eau forme quatre îles : si les trois premières, recouvertes d'un bocage verdoyant, émergent distinctement, la quatrième disparaît presque dans une brume vaporeuse.